SUR LES RIVES D’AMSTERDAM
Vivre au coeur du « red light district », entre douceurs et fantaisies
Les matins silencieux
Le jour se lève dans le quartier rouge. Les touristes déambulant la veille par centaines ne sont plus. Les rues demeurent désertes. Le charme apporté par les canaux d’Amsterdam donne à Oudezijds, artère principale, un ton particulier. Une légèreté alimentée par la douce danse des oiseaux, le mouvement lent des canards et des cygnes. S’arrêter un instant pour les nourrir donne la sensation de vivre dans un village. Les rideaux noirs qui attisent la convoitise des hommes la veille sont tirés, et plus personne ne danse au rythme fou de cette décadence amstellodamoise. Le jour se lève et la fraicheur est de rigueur, le stylo à la main, seul les bruits de chaînes de vélo se font entendre. Comme l’antithèse de notre monde, les rues s’endorment au rythme du soleil et non de la lune. Les sonnettes semblent alors inutiles, il n’y a plus personne entre qui zigzaguer, slalomer. Au détour d’un silence, un groupe de jeunes déambule, bagage à la main. Pour eux, c’est la fin d’un séjour dans la Venise du Nord. Les instants d’après, c’est un américain qui demande son chemin. Lui aussi est de passage, lui aussi veut gouter aux saveurs fruitées de l’herbe. Débarquer dans ces ruelles à l’aube donne l’impression de s’être fait duper. Il fait partie de ceux qui s’interrogent. Le quartier rouge ne serait-il qu’un mythe ? Seul les vestiges de la veille gisant sur le sol procurent des indices. C’est une double vie que mènent ces rues. Des verres n’ont pas été finis, des bouteilles de bières sont brisées. Comme au lendemain d’une guerre, plus rien ne vit. Dans quelques heures, les hommes en tenue orange passeront. Ils effaceront de manière éphémère les festivités nocturnes pour mieux recommencer à la nuit tombée.
Oudezidjs 100
À cette adresse, le rythme est différent. Si vous jetez un coup d’oeil en contrebas, vous apercevrez une grande famille déjeunant ensemble. Vous ne comprendrez certainement pas qui sont ces gens, ni d’où viennent toutes ces petits êtres aux chevelures tantôt brunes, tantôt blondes. Si vous tendez l’oreille vous aurez peut-être l’occasion d’entendre parler néerlandais, anglais, français, espagnol, allemand ou même hongrois. La communauté d’Oudezijds, abritant tant de profils différents, invités, volontaires, familles, enfants, se réveille doucement avant que chacun se sépare pour s’adonner à ses taches respectives.
Du calme à l’affluence
Au fil des heures le quartier reprend vie, doucement. Les traces de la veille disparaissent. Les premiers touristes prennent leur marque, sillonnent les lieux, valises à bout de bras pour trouver leur hôtel. Quelques femmes ont repris le travail en petite tenue. L’odeur de hasch refait surface, le tintement des sonnettes cadence de nouveau l’atmosphère. Comme un cercle interminable, la foule refait surface. Elle arpente, curieuse, ces rues débordant de fantasmes et d’interdits. Il est bientôt impossible de marcher sans encombres. Entre rires et braillements, le quartier rouge s’apprête comme la veille et comme le lendemain à accueillir qui voudra s’y jeter tant d’entités pour une nuit d’extravagances.
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