Les deux font la paire // They are two of a kind
Peurs, angoisses provoquées par le début d’un ESC peuvent facilement disparaître lorsqu’on est bien accompagné. Récit de la naissance d’une amitié. // Fears, anxieties caused by the beginning of an ESC can easily disappear when you are well surrounded. Story of the birth of a friendship.
Après avoir vécu dans de nombreux pays européens grâce tout d’abord à un Erasmus, puis à un premier projet européen, un second, des jobs l'étranger, me voilà finalement en ESC. Passage qui semblait naturel et dans la suite logique de mon parcours de petit européenne par excellence. Vivre dans mon pays ne me suffit plus, j’aime découvrir et vivre ailleurs. Cela fait donc maintenant plus de 5 ans que je n’ai pas passé plus de cinq mois dans mon pays d’origine. Ma famille m’appelle la nomade, mes amis désespèrent de me voir revenir un jour au bercail et moi je commence également à en avoir marre de bouger tout le temps. L’Europe est un appât alléchant mais après un temps l’envie de poser ses valises quelque part réapparaît. Le problème ne s'arrête hélas pas à cette constatation, s'ensuit la sempiternelle question d’ “où se poser” mais il s’agit là d’un autre article.
Ces multiples voyages et expériences m’ont permis de rencontrer des personnes formidables avec qui j’ai passé des moments intenses, créé des liens forts et puis un jour, à la fin de mon séjour, j’ai dû dire “à la prochaine”. Le temps passant, les liens se sont lentement effrités. Distance oblige.
Lorsque j’ai démarré les démarches pour un ESC, j'étais tout d’abord remplie d’excitation : choisir le pays de destination, la nouvelle langue à apprendre, la ville où j’allais rester et le projet qui m'intéressait. Je ne tenais plus en place. Une fois les démarches entamées, les papiers signés, tout est devenu soudainement très concret : j’allais devoir faire ma valise, rendre mon appartement et dire au revoir à ma famille et amis une fois de plus. Une boule est apparue dans mon estomac et n’a cessé de grandir au fil des semaines. Avec elle est né le doute : devrais-je partir ou devrais-je rester? C'était trop tard, tout était en place et je ne me sentais pas capable d’annuler à la dernière minute. Et puis j’avoue une partie de moi avait tellement rêvé de cette nouvelle vie, qu’une fois encore, je n’ai pas pu résister à la tentation du voyage.
Angoisse, durant les 7 heures de train qui me séparent de ma destination, je m’imagine mille situations négatives, dramatiques, tout ce qui pourrait se passer mal pendant cet ESC. J’arrive sur place, je me sens déboussolée, je m’installe dans mon nouveau - soit-disant - chez moi, je me sens seule et regrette amèrement ma décision. Après cette phase de vague à l'âme, je repense au fait que dans trois jours doit arriver ma binôme, une autre EVS avec qui nous partageons le même projet. Dans ma tête, je me répète : si elle a choisi le même projet, nous devons avoir des goûts similaires ? On pourra peut-être devenir amie ? Je croise les doigts.
Le jour J arrive, mélange d’excitation et d’angoisse. Je me rends à l’association pour lui souhaiter la bienvenue. Je monte les escaliers lentement, je n’ose pas regarder, j’ai peur que mes espoirs tombent à l’eau. Devant mes yeux apparaissent successivement des chaussures arty, un pantalon kaki baggi, une petite blouse en lin, une coupe de cheveux à la Jeanne d’Arc, et deux gros sac à dos. Mon stress descend et la joie me submerge : mon binôme était là et elle avait l’air parfaite. Tel un enfant de six ans, je m’avance timidement vers elle et la salue maladroitement. Elle me rend un grand sourire. Je sais qu’elle pense de même : nous voilà sauvées.
J’ai appris au fur et à mesure des années de vadrouille que je n’ai pas besoin d’avoir énormément d’amis, les liens à distance sont difficiles à maintenir et dans un temps limité je n’arrive pas a construire de vraies amitiés si elles sont trop nombreuses. Je remercie donc l’univers de m’avoir envoyé la partenaire de crime parfaite : ensemble on fait les 400 coups dans notre nouvelle vi(ll)e. Si je veux faire quelque chose, elle est toujours partante pour m’accompagner et si elle propose quelque chose, je me joins toujours à elle. Frustrées, déprimées, heureuses, nous partageons tout.
Je souhaite à chaque volontaire de, comme moi, trouver son·sa binôme car la vie est plus douce en ESC lorsqu’on est deux.
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After having lived in many European countries thanks first to an Erasmus, then to a first European project, a second one, jobs abroad, I am finally doing an ESC. A passage that seemed natural and in the logical continuation of my journey as an European citizen. Living in my country is no longer enough for me, I like to discover and live elsewhere. It has now been more than 5 years since I spent more than five months in a row in my home country. My family calls me “nomad”, my friends despair to see me come back home one day and I'm also getting tired of moving all the time. Europe is an attractive bait but after a while the desire to settle down somewhere reappears. Unfortunately, the problem does not stop with this observation, and then comes the endless question of "where to go", but this is the subject of an another article.
These multiple trips and experiences allowed me to meet wonderful people with whom I spent intense moments, created strong bonds and then one day, at the end of my stay, I had to say "see you next time". As time passed, the bonds slowly broke.
When I started the paperwork for an ESC, I was first filled with excitement: choosing the destination country, the new language to learn, the city where I would stay and the project that interested me. Once the process started, the papers signed, everything suddenly became very concrete: I was going to have to pack my suitcase, return my apartment and say goodbye to my family and friends once again. Butterflies appeared in my stomach and intensified over the weeks. With this came doubts: should I leave or should I stay? It was too late, everything was organised and I didn't feel able to cancel at the last minute. And then, I confess a part of me had dreamed so much of this new life, that once again, I could not resist the temptation of travel.
Anxiety, during the 7 hours of train that separate me from my destination, I imagine a thousand negative, dramatic situations, everything that could go wrong during this ESC. I arrive, I feel confused, I settle into my new - supposedly - home, I feel alone and bitterly regret my decision. After this blues phase, I think about the fact that in three days time my partner, another ESC with whom we share the same project, will arrive. In my head, I repeat myself: if she has chosen the same project, we must have similar tastes? Maybe we can become friends? I'm keeping my fingers crossed.
The D-day arrives, a mixture of excitement and anguish. I go to the association to welcome her. I climb the stairs slowly, I don't dare to look, I'm afraid my hopes will fall through. Before my eyes appear successively arty shoes, khaki baggy pants, a small linen blouse, a Joan of Arc haircut, and two large backpacks. My stress goes down and the joy overwhelms me: my partner was there and she looked perfect. Like a six-year-old child, I walk timidly towards her and greet her clumsily. She gives me a big smile. I know she feels the same way: we are saved.
I have learned over the years of wandering that I don't need to have many friends, remote links are difficult to maintain and in a limited time I can't build real friendships if they are too numerous. I thank the universe for sending me the perfect partner in crime: together we are a bit wild in our new life. If I want to do something, she is always willing to come with me and if she proposes something, I always join her. Frustrated, depressed, happy, we share everything.
I wish each ESC to find , like me, its own partner because life is softer in ESC when there are two of us.